Abderrahim Kamal
Université de Fès
Résumé
Le Horla est un texte où
Maupassant pose une question relative au savoir. Le questionnement vise
simultanément deux plans : le plan de l’Homme en tant qu’Etre, objet du
savoir (plan ontologique) et le plan du savoir sur l’Homme et plus précisément
de l’évolution historique de ce savoir
(plan épistémologique). Le fait de mener simultanément cette réflexion dans un
même texte souligne le caractère dialectique et la relation de réciprocité qui
lie les deux plans.
Nous voudrions par cette lecture montrer comment
Maupassant (en penseur) annonce la venue d’une autre manière de penser l’Homme
en levant le voile sur des dimensions humaines nouvelles. Il annonce donc la
naissance de nouveaux objets du savoir humain, et, partant, de nouvelles
sciences. Autrement dit, -et pour reprendre le terme foucaltien – Maupassant se
fait l’écho de la transition, en gestation à l’époque, d’une épistémè moderne à une épistémè ultra-moderne qui reconfigure les
structures des sciences humaines et où un autre type d’approche du savoir
commence à prendre forme.
1- L’auβersein :
« l’Etre à côté de », « l’Etre en plus de », « l’Etre
en dehors de » l’Etre
Rappelons très
schématiquement l’histoire.
Un aliéniste[1]
invite trois collègues, aliénistes également, et quatre savants à un entretien
clinique avec un cas. Celui-ci raconte son histoire avec un souci de rigueur et
de démonstration et avec un esprit d’observation, d’expérimentation et de
vérification qui le présente comme un rationaliste et un bon positiviste. Par
son récit où tout l’argumentaire vise à convaincre les aliénistes de la
naissance d’un « Etre nouveau », il finit par semer le doute et par
ébranler les certitudes cognitives relatives aussi bien à l’objet du savoir
(l’Homme) qu’au savoir lui-même qu’ils ont construit sur cet objet
Dans ce sens le choix du
mot « horla » pour désigner cet « être nouveau » (et
pour nous un « nouvel Etre ») n’est pas gratuit. Comme tout le monde
il m’a fait penser à l’adverbe de lieu et préposition « Hors » suivi cet autre adverbe
désignant le lieu « là ». Si je dois traduire, en fonction de ce que
suggère le texte, je dirais le horla est « Ce-qui-est en
dehors-du-là », ou encore « l’Etre en dehors –du-là »,
« L’être –à-côté-du-là » et enfin,
« l’Etre-en-plus-du-là ». L’adverbe allemand AuBer signifie à
la fois « en dehors de », « en plus de » et « à côté
de… ». Et comme il
faudrait donner à « Etre » son sens philosophique, le mot « auBersein »
et le titre de notre lecture proposés ici s’éclairent : la naissance du
nouvel Etre, de l’Objet humain ou l’objet-Homme ; celui-ci est reconsidéré
d’une manière nouvelle qui nécessite la formation d’un nouveau discours, de
nouvelles sciences et d’une nouvelle philosophie de l’Etre. Le Horla est
donc la thématisation de la rupture
épistémologique qui s’est opérée à la fin du 19ème siècle et dont la
formation a commencé déjà au 18ème siècle. En un mot : une
nouvelle épistémè, au sens foucaltien[2],
naît.
2- Un aliéné
positiviste et rationaliste
La situation de la narration est déjà en elle-même
significative : il s’agit d’une sorte de séminaire informel où le savoir
est au centre de la réflexion. L’observation (/évaluation) concerne aussi bien
l’objet du savoir (en l’occurrence le « cas clinique ») que le savoir
lui-même :
Le Docteur Marrande, le plus illustre et le plus éminent des aliénistes, avait prié trois de ses confrères et quatre savants, s’occupant de sciences naturelles (p.876)[3]
Si le savoir est au
centre de ce «séminaire », il est également défini par rapport à un modèle
de scientificité et que représentaient, à l’époque, les sciences naturelles ;
ou la science positiviste. Le regard de ces positivistes compte beaucoup du
moment que la démarche observation des faits, hypothèses, expérimentation,
vérification des hypothèses avait fait ses preuves sur les objets de
science matériel. [4]
Observons la démarche du « fou » :
1- Rappel des faits
2- Observation des faits pertinents
3- Observation des facteurs
environnants les faits
4- Hypothèses
5- Auto-observation
6- Procédure de mise en doute
7- Expérimentation
8- Confrontation des observations et
des faits
9- Déduction – Explication
Par cette démarche,
c’est non seulement la connaissance en tant qu’ensemble de savoirs produits,
constitués et situés, mais encore la méthode du savoir qui est ainsi
thématisée. Cette connaissance concerne aussi bien l’objet de la connaissance
que le sujet qui assigne à cet objet un ensemble de caractéristiques.
3- L’inexplicable e(s)t l’épouvantable : l’incognito
(l’inconnu) et l’incognitio (l’in-cognition)
La lecture attentive du texte révèle
un aspect intéressant :
l’articulation systématique de l’inexplicable et de
l’épouvantable : les mots « épouvantable » et
« épouvante » sont répétés sept fois dans le texte[5].
L’épouvantable est la caractéristique de l’inconnaissable et de l’inexplicable.
L’épouvantable n’est pas le doute (parce que celui-ci est une démarche, une
méthode) mais le non- explicable, l’Incognito. Ou encore l’Incognitio
(l’in-cognition). L’inexplicable est d’autant plus épouvantable qu’il affecte
un être (le personnage) imprégné de valeurs et de croyances positivistes ou
matérialistes (le personnage consultera un médecin puis un Docteur, un savant)
et qui a une démarche positiviste. Il a totalement conscience de toutes les
dimensions possibles en jeu dans ce qui lui arrive. Cherchant à établir les
liens de causalité entre les faits observés et les mutations qui l’affectent,
il articule dans une phrase les trois registres les plus importants quant à la
compréhension des faits : le registre logique ou rationnel, le registre
perceptif (précisément c’est le plan de
perception, réel ou irréel, qui est invoqué ), et le registre affectif ou
émotionnel :
Je pensai donc, dit-il, qu’il y avait dans la maison une influence fiévreuse due au voisinage du fleuve et j’allais m’en aller pour deux ou trois mois, bien que nous fussions en pleine saison de chasse, quand un petit fait très bizarre, observé par hasard, amena pour moi une telle suite de découvertes invraisemblables, fantastiques, effrayantes, que je restai (p.877)
- découvertes invraisemblables :
registre logique ou rationnel parce que c’est par rapport à une logique du vrai
que l’invraisemblable se mesure ;
- découvertes fantastiques :
registre perceptif parce que c’est par
rapport à une logique du réel et de l’irréel que le fantastique se
mesure ;
- découvertes effrayantes :
registre affectif ou émotionnel parce que c’est par rapport à la subjectivité
du sujet que se définit la découverte.
Voici le Sujet aux
prises avec des catégories qui modifient sa relation au monde : Le vrai,
le réel, l’irréel, ajoutés à cette dimension subjective, conditionnent
l’acte de cognition. Pour anticiper, nous dirons que la rupture d’avec
l’épistémè classique est justement la prise en considération de l’impact du Sujet
observateur sur l’objet observé pendant l’acte d’observation
même.
4-
La dialectique
observable/observation/ observé et l’in-su du
Sujet
Chez notre personnage,
c’est l’attitude positiviste qui guide la quête ou la cognition :
« Je voulus faire la même épreuve. Je fermai donc ma porte à clef…etc. ».
L’objet d’observation et le sujet observateur faisant « un même
corps » ou faisant corps, c’est contre les ruses de soi-même que le
personnage va monter tous ses scénarios d’observation- vérification, car il est
conscient d’une chose : le regard
de l’observateur modifie les caractéristiques de l’objet observé. Par
ailleurs, le personnage essaiera de déjouer les « tours » de
l’inconscient :
« alors, dit-il, j’eus recours à des ruses pour me convaincre que je n’accomplissais point ces actes inconscients… » (p.878).
Le doute
persiste :
N’étais-ce pas moi qui me levais sans en avoir conscience, et qui buvais même les choses détestés, car mes sens engourdis par le sommeil somnambulique pouvaient être modifiés, avoir perdu leurs répugnances ordinaires et acquis des goûts différents (p.878)
Conclusion :
l’objet observé peut modifier aussi bien l’observateur que l’observation.
Puis le plan du
questionnement se précise d’un coup : « Qui donc était là, toutes les
nuits, près de moi ? ». Il porte désormais sur un
« Etre-à-côté-de… », d’un « Etre –en-dehors de… », d’un
Etre-en-plus de… ». Bref un « auBersein ».
Le visible objectif
cache et dévoile un invisible inconnu jusque là. Le passage de la fleur
est éloquent à ce propos. Un On impersonnel vit dans, en dehors
de, à côté du « je », du sujet connaissant et de l’objet
de connaissance.
En bon rationaliste, en
bon cartésien, le personnage écarte rapidement la thèse du surnaturel et de
l’hallucinatoire :
Il n’est pas permis à un homme raisonnable et sérieux d’avoir de pareilles hallucinations… (p.879)
Et plus loin :
Je ne croyais pas au surnaturel, je n’y crois pas même aujourd’hui ; mais, à partir de ce moment-là, je fus certain, certain comme du jour et de la nuit, qu’il existait près de moi un être invisible qui m’avait hanté, puis m’avait quitté, et qui revenait. (p.879)
Enfin vient l’acte le
plus important dans ce processus de connaissance : nommer :
Attendez. L’Etre ! Comment le nommerai-je ? L’invisible. Non , cela ne suffit pas. Je l’ai baptisé le Horla. Pourquoi ? Je ne sais point. (p.880)
5-
L’Etre invisible : la dialectique du pensable et du non pensable :
les nouveaux objets du savoir
Nommer, ici, pour nous, signifie, désigner cette région
obscure du visible connu, désigner ce nouvel objet du savoir qui reste
difficile à circonscrire, nommer ce Nouvel Etre : c’est-à-dire à la fois
ce nouvel objet du savoir, cette nouvelle conception de l’Etre-au-monde, et
cette nouvelle façon d’approcher, d’observer l’Etre. Les mots du texte sont
heureux :
Donc Messieurs, un Etre, un Etre nouveau, qui sans doute se multipliera bientôt comme nous nous sommes multipliés, vient d’apparaître sur terre.Ah ! vous souriez ! Pourquoi ? parce que cet Etre demeure invisible. Mais notre œil, Messieurs, est un organe tellement élémentaire qu’il peut distinguer à peine ce qui est indispensable à notre existence. Ce qui est trop petit lui échappe, ce qui est trop grand lui échappe, ce qui est trop loin lui échappe. Il ignore les milliers de petites bêtes qui vivent dans une goutte d’eau. Il ignore les habitants, les plantes et le sol des étoiles voisines ; il ne voit pas le transparent (p.881)
Nous sommes à la fin du
19ème siècle, c’est-à-dire en plein essor du positivisme et des
résultats auxquels il a conduit : principalement la naissance des sciences
positives, leur spécialisation, et leur compartimentation. La découverte du
microscopique et du macroscopique et les moyens de leur connaissance sont au
centre du débat scientifique. Le texte de Maupassant se fait ainsi la caisse de
résonance de ce qui se débattait à son
époque sur le plan du savoir. Autant dire que la question du savoir, des moyens
pour l’atteindre et de ses champs concerne tout autant le sujet qui constitue
ces connaissances. Le Nouvel Etre dont il s’agit ici est tout simplement le
nouveau traitement réservé à la question de l’Etre, ou encore du Sujet pris
dans sa dimension cognitive. Désormais, on ne peut plus appréhender la question
de l’Etre de la même manière. On le verra avec l’avènement de systèmes d’idées
et de champs disciplinaires nouveaux : n’oublions pas que c’est dans cette
fin du 19ème siècle que des sciences humaines comme la psychologie,
la sociologie (Durkheim), la psychanalyse (Freud) verront le jour. Une nouvelle
épistémè naît. La philosophie connaît elle-même un renouvellement extraordinaire avec Hegel (avec l’idée de
l’Etre historique de l’Homme), Bergson (avec l’idée de la connaissance
intuitive), et surtout Nietzsche (avec l’idée de la fin de l’histoire et de la
métaphysique et avec l’idée du surhomme). Le horla ne serait-il pas ce surhomme
dont parle Nietzsche, surtout lorsqu’on pense aux traits dionysiaques du
personnage et à sa volonté de puissance ?
Enfin, nous sommes à la
veille de la constitution de la phénoménologie husserlienne qui rétablira
l’homme face au monde et opérera un retour aux choses mêmes. Dans ce sens, la
deuxième version, qui est un journal, est la concrétisation de la naissance de
l’Etre, c’est-à-dire d’un sujet phénoménologique devenu la mesure du monde et
du savoir. Ceci est une hypothèse. Elle est susceptible d’éclairer le
changement des formes d’écriture intervenu d’une version à l’autre. Toute forme
est une pensée et une forme donnée de la pensée.
Si la nouvelle pose le
problème de la connaissance positive (empirique) du visible face à la
connaissance intuitive de l’invisible, elle thématise aussi la question
du pensable épistémiquement : le personnage a l’air de dire « c’est
cela que nous pouvons connaître étant donné l’état des connaissances
constituées jusqu’à présent, et étant donné la constitution du sujet producteur
de la connaissance » Cependant, le personnage se présente à la fin de la
nouvelle comme un prophète ; et c’est par sa prophétie, qu’il prend
l’allure d’un personnage nietzschéen :
Cet être, que j’ai nommé le Horla, existe aussi !Qui est-ce ? Messieurs, c’est celui que la terre attend, après l’homme !Celui-ci vient nous détrôner, nous asservir, nous dompter, et se nourrit de nous peut-être, comme nous nous nourrissons des bœufs et des sangliers.Depuis des siècles, on le pressent, on le redoute et on l’annonce ! La peur de l’Invisible a toujours hanté nos pères.
Il est venu.Toutes les légendes des fées, des gnomes, des rôdeurs de l’air insaisissables et malfaisants, c’était de lui qu’elle parlaient, de lui pressenti par l’homme inquiet et tremblant déjàEt tout ce que vous faites vous-mêmes, Messieurs, depuis quelques ans, ce que vous appelez l’hypnotisme, la suggestion, le magnétisme[6] – c’est lui que vous annonces, que vous prophétisez ! (p.882). (Nous soulignons).
Au-delà du ton prophétique
nietzschéen, il faudrait remarquer ici tout le travail d’intertextualité qui
organise ce passage. Il faut, en effet, rappeler que la deuxième moitié du 19ème
siècle est une période de désillusion et de remise en question de la
philosophie des Lumières. La philosophie du progrès comme gage du bonheur
humain commence à s’effriter. Certaines événements marquent la conscience
collective : la révolution de juillet 1830, la révolution de 1848 et
surtout la guerre franco-prussienne que Maupassant a réfléchi dans ses
nouvelles.
Sur un autre plan Marx
publie son Capital en 1867, la philosophie pessimiste de Schopenhauer
est de vogue et marque tout un courant
de pensée et de création. L’incertitude constitue un fondement de la pensée du
19ème siècle, sans parler du courant relativiste qui se met en place
dès cette fin de siècle [7].
Fonyl Antonia présente ainsi Maupassant face à cette période qu’elle
caractérise par « la fatalité » :
Irrationnelle par définition, cette fatalité sera, cependant, rationalisée par un écrivain qui se veut réaliste. Elle apparaît comme inhérente à un réel inconnaissable pour «nos sens entrouverts et cadenassés» – chez Maupassant, les idées de Schopenhauer renforcent les doutes empiristes –, et, sur le plan idéologique, comme la conséquence des incertitudes relativistes, de la pluralité des systèmes de valeurs, caractéristiques d’une société en voie de désagrégation. Elle devient de la sorte la source d’une pensée agnostique, et ouvre le domaine intellectuel au désespoir.
Enfin, il faudrait
rappeler qu’en 1886 (date de parution de cette nouvelle), Nietzsche (qui est,
dans un certain sens, continuateur de Schopenhauer surtout sur la question de
la volonté), avait déjà publié Humain trop humain (1878), le Gai
savoir (1882), Ainsi parlait Zarathoustra (1883). Nietzsche dont
tout le travail, pour reprendre une formule de Jean Granier, consistera à
« dissoudre les déterminations fixes de la pensée » et à
détruire systématiquement l’idée d’un Etre métaphysique.
6-
Le Nouvel Etre, l’Etre Nietzschéen : encore une hypothèse
Ainsi au-delà de cette
dimension réflexive du texte (dans le sens où le texte reflète la pensée de son
époque), il y a une dimension philosophique que je résumerai ainsi : le
Nouvel Etre est la nouvelle pensée de l’Etre, davantage il désigne de la
naissance de l’Etre Nietzschéen qui va marquer tout la pensée du 20ème
siècle. Ceci est une hypothèse.
NOTES
*Le présent texte est une version récrite
d’une communication faite dans le cadre d’un séminaire organisé par l’UFR
« Production et réception du texte littéraire» de Meknes (avril 2002)
autour du Horla de Maupassant.
[1]
« Aliéniste » est dérivé du latin alienum qui signifie
« étranger ». Le mot désigne un spécialiste en trouble psychique où
le patient se sent étranger à lui-même. Dans ma lecture, je voudrais attribuer
à ce mot une acception active : l’aliéniste est celui qui – partant d’une
connaissance arrêtée qui n’admet aucun doute – fait tout pour faire se
conformer l’objet de son savoir aux catégories – elles-mêmes incertaines- dont
il dispose. Autrement dit, il rend l’objet étranger à lui-même de manière à ce
que celui-ci n’est jamais approché d’après lui-même et à partir de ses
caractéristiques propres. Il s’agit donc de ce qu’on pourrait appeler un
« aliénisme épistémologique » : savoir et objet du savoir
ne coïncident pas.
[2] Définition très
schématique : au sens foucaltien, l’épistémè est un ensemble homogène
et disséminé de principes organisateurs du savoir d’une communauté culturelle à
un moment de son évolution. Le passage d’une épistémè à l’autre est un passage
d’un état du savoir à un autre état, d’une formation discursive à une
autre ; en un mot d’une synchronie épistémique à une autre (Foucault parle
du passage d’une positivité à l’autre) Foucault distingue deux épistémè :
l’épistémè classique ou l’Homme comme objet de savoir n’était pas encore né
parce que ce savoir était fondé sur la représentation ; l’épistémè
moderne, elle, est une re-disposition du savoir classique, un abandon de la
représentation et une invention de l’Homme ; car pour Foucault,
« l’Homme n’est qu’une invention récente, une figure qui n’a pas deux
siècles, un simple pli dans notre savoir, et qui disparaîtra dès que celui-ci
aura trouvé une forme nouvelle.[2] »
(Foucault, Michel, Archéologie du savoir, Paris, Gallimard, 1969, p.15.)
[3] Maupassant, Œuvres
complètes, Ed. Laffont, Coll. Bouquins, Nous référons, dans ce travail, à
cette édition.
[4] Remarquons au
passage que le mot « Docteur » n’apparaît que trois fois dans le
texte : au début (pour souligner la nature du séminaire : séminaire
de doctes personnes (savantes, érudites, instruites) ; au milieu du texte
lorsque le DR Marrande, miné par le doute, est allé lui-même vérifier
les faits racontés au pays du « patient ». Et enfin, à la fin, lorsque
le Docteur (la Docte personne sûre de son savoir) va exprimer des doutes sur
son propre savoir :
« Moi non
plus. Je ne sais pas si cet homme est fou ou si nous le sommes tous les deux….,
ou si,…notre successeur est réellement arrivé » (p.882). )
[5] « Épouvantable
sensation », « je ne sais rien d’épouvantable », « une
épouvantable angoisse », « ces réveils plus épouvantables
encore », « saisi d’une épouvante folle », « une curiosité
énervée, mêlée de colère et d’épouvante », « je l’avais vu.
L’épouvante m’en est restée qui me fait encore frissonner »
[6] Comme le note
Michel Monglon dans son annotation de l’édition Laffont l’hypnotisme, la suggestion et le magnétisme
étaient très à la mode à l’époque et faisaient l’objet d’une très grande
vulgarisation grâce aux polémiques que ces « sciences » soulevaient.
Les travaux de l’Ecole de Nancy notamment de son fondateur Hyppolite Bernhein[6]
étaient très lus. Les travaux de Liebault,
de James Braid (1775 –1860) -chirurgien écossais qui est le premier
expérimentateur médical de l’hypnotisme[6]-
et de Charcot faisaient l’objet d’un travail de vulgarisation. Freud était en
fait le continuateur logique de ces chercheurs
[7] Simmel publiera son
Introduction de la morale (1892), et Volkelt ses Sources de la certitude
(1900).
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